samedi 17 mars 2018

Michel Embareck: " Sur la ligne blanche"



Editions Archipoche
192 pages


4 ème de couverture



« Star des médias, Langlet, surnommé le pape du rock, fait et défait les réputations dans le micro-maquereaucosme du show-biz. Trente ans, fast-donjuan, buveur, shooté, ubiquiste, ce wonder boytout-puissant n’a pas réussi de la sorte sans se faire de nombreux ennemis. Aussi sa disparition soudaine fait-elle sensation.
Journaliste sur la touche, le narrateur, flairant le scoop de sa vie, se lance sur les traces du disparu, dont il va reconstituer le fulgurant et dangereux parcours en une série de ash-backs stroboscopiques, zigzaguant des milieux branchés aux campements de ferrailleurs et du Palace aux vestiges du Golf Drouot… » (Michel Lebrun, L’Année du polar)
Journalistes vendus aux producteurs, concerts organisés par la mafia, musiciens animés du seul souci d’échapper à l’usine… Entre Paris, Marseille, New York et Le Havre, l’enquête-fiction de Michel Embareck nous entraîne en Cadillac dans les coulisses obscures du show-biz, où l’intégrité s’achète et où l’honnêteté se noie dans le Jack Daniel’s.
Fresque d’une génération en perfecto et santiags croco, Sur la ligne blanche redonne au rock les couleurs du mythe.



Mon avis


En commençant « Sur la ligne blanche » de Michel Embareck, on met une pièce dans le jukebox. Il se murmure alors des notes des années 80, le tout emballé dans des formules qui tapent fort.

« Pourquoi, comme Keith Richard quelques années plus tôt, ne pas se refaire une santé là-bas? »
Cette ligne blanche, quelle est-elle? Un jeu dangereux car intrigue d’un polar très puissant? Ou peut-être cette ligne à la couleur de la dope? La signature des autoroutes sans fin?
Justement, la route, Michel Embareck nous la fait prendre avec une Cadillac 57.

« - Cadillac Eldorado 57. T’es content?
Il l’était. Bottes posées contre le pare-brise, tête inclinée à murmurer Unchained Melody. La voiture chuintait entre les banlieues éteintes. J’aimais rouler fenêtre ouverte, à écouter le baiser ventouse de la gomme au bitume. »

Le tout n’est pas qu’un polar mais une ballade dans la musique. L'auteur fait part de judicieuses réflexions sur le milieu du show-biz et du rock. Ce livre datant des années 80 me semble assez visionnaire quant au commerce d’un milieu qui fait toujours rêver.
Avec sa poésie punk-rock, Michel Embareck est sans doute prémonitoire d’une médiocrité artistique.

« L´overdose s’insinua sournoisement. Gangrène cervicale. Les comptes rendus de concerts m’emmerdaient. Les interviews m’emmerdaient. Les gens m’emmerdaient. Le rock m’emmerdait. Blasé. Écœurée. Relaps. Les groupes punks splittaient les uns après les autres. L'héroïne revenait à toute seringue. Baiser de la mort. On jouait les arrêts de jeu. Restait à gérer un petit commerce, à servir la soupe à l’industrie du disque. »

Ses touches érotiques et sensuelles n’ont pas de pitié pour les connards et les lieux. Ainsi l’un des personnages ne se retrouve plus dans des endroits qui auparavant brillaient de culture rock. Une certaine tristesse se dégage de ce constat et donne de la densité à l'histoire.

A la fin de ce roman que j’ai beaucoup aimé, j’ai eu l’impression que l’auteur réfléchissait à l’existence.

« Au spectacle, je préférerais toujours le premier rang à la scène. A l’instant où cette nostalgie de quatre sous commençait à m’amuser, un obus frappa la porte. »

Pour ma part, la porte s’est refermée un peu trop tôt sur ces personnages passionnants. Donc un conseil; embarquez à bord de cette superbe Cadillac Eldorado 57...



L'auteur





Journaliste au magazine Best de 1974 à 1983, Michel Embareck, né en 1952 dans le Jura, a écumé les scènes rock des années 1970 et 1980, collaborant à Rolling Stone et Libération. Il est l'auteur de quelque vingt romans dont, aux éditions de l'Archipel, Cloaca Maxima, Avis d'obsèques, Personne ne court plus vite qu'une balle (2015) et Jim Morrison et le diable boiteux (2016, Prix Coup de foudre des Vendanges Littéraires de Rivesaltes). Ont paru chez Archipoche : La mort fait mal (2013, prix Marcel Grancher) et Le Rosaire de la douleur (2015).



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